Le thème du bon pasteur, repris du psaume 22 (« le Seigneur est mon berger »), est un grand classique : le Seigneur s’occupe de nous, nous protège, subvient à nos besoins, et nous n’avons qu’à le suivre bien tranquillement en broutant la prairie. Les « femmes de qualité » scandalisées par l’enseignement de Paul et Barnabé, le savaient tout aussi bien que nous.
Sauf que le bon berger des Evangiles, et la lecture de l’Apocalypse que nous entendons aujourd’hui nous le rappelle, est d’une tout autre nature : notre pasteur est l’Agneau, non pas maître tout-puissant mais humble rejeton du troupeau. Et il est celui dans le sang duquel la foule immense lave ses vêtements (on appréciera l’image : essayez donc à la maison pour voir !), l’agneau du sacrifice.
Pas étonnant que les braves paroissiennes d’Antioche de Pisidie aient eu du mal à avaler la pilule face à la perspective de troquer leur vision du Messie triomphant contre celle du mouton du méchoui ! Sous couvert de continuité, l’Evangile bouleverse radicalement notre compréhension du psaume, en abandonnant toute référence à une promesse de vie tranquille et prospère : suivre l’Agneau, c’est marcher dans les pas de Jésus jusqu’à l’extrême de la croix.
Bruno